Tisser un réseau : comment ne pas perdre le fil ?

photo debut 1Pas de cris, mais beaucoup de chuchotements : pour ses 10 ans, notre Rencontre des bibliothécaires, organisée sur le thème de la mise en réseau des bibliothèques, a été le sujet de nombreuses questions et réactions. Pour la première fois, cette journée réunissait bibliothécaires et élus - pas moins de 130 personnes se sont rassemblées dans la salle de formation de la BDP.

La journée a commencé par la présentation du diagnostic réalisé ces derniers mois dans le département par le cabinet d'études parisien ABCD. Ce travail doit servir de base à l'élaboration du futur Schéma départemental de la lecture publique, qui orientera les actions de la BDP en direction des bibliothèques jusqu'en 2022.

Cette présentation a mis le doigt sur certaines limites actuelles : dans des territoires parfois très isolés, le travail en réseau est quasi absent, et les communautés de communes s'impliquent peu dans le développement culturel de leur territoire - une situation atypique, voire inédite en France, comme l'a souligné Sandrine Rioux, pour ABCD. Puisque "l'union fait la force", la coopération entre bibliothèques permettra de surmonter leurs faiblesses et leurs difficultés.

Une multitude de scénarios possibles pour travailler ensemble

laharyFace à ce constat, comment se regrouper en réseau et travailler ensemble ? C'est la question à laquelle ont répondu Catherine Canazzi, directrice de la BDP du Vaucluse, et Dominique Lahary, ancien directeur de la BDP du Val-d'Oise. La règle n°1, c'est... qu'il n'y a pas de règle ! Cette mise en réseau peut se concrétiser de multiples façons, comme l'a détaillé Dominique Lahary :

  • dans la gestion des équipements ou du personnel au niveau intercommunal ;
  • dans un catalogue commun ;
  • dans un ensemble de services offerts au public...

Dans cette multitude de scénarios possibles, il y a tout de même certains passages obligés :

  • d'abord, se mettre d'accord sur un projet commun ;
  • ensuite, formaliser et officialiser cette mise en réseau (par une convention, ou bien encore un transfert à l'intercommunalité) ;
  • enfin, ne pas sous-estimer les difficultés, notamment quant à l'harmonisation des pratiques.

Certes, il y a des contraintes... Mais aussi de nombreux avantages à la clé :

  • l'offre documentaire s'enrichit, le prêt de documents entre bibliothèques devient possible ;
  • les manifestations culturelles organisées gagnent en ampleur, et la charge de travail est répartie entre tous les participants ;
  • les échanges entre bibliothécaires se multiplient, favorisent l'émulation et font ainsi progresser chacun des membres du réseau.

Ainsi, le public se voit offrir une gamme de services diversifiée et élargie, grâce à la coopération entre bibliothèques.

Les bénévoles auront toute leur place

canazziDeux témoignages de l'après-midi ont bien illustré cette variété de scénarios, durant l'après-midi. Tout d'abord, le réseau des médiathèques du pays d'Apt (Vaucluse) : sa représentante, Muriel Trinchillo, a détaillé l'historique et le fonctionnement de ce réseau constitué à l'initiative des bibliothécaires. Ensuite, le réseau Mur à la page des bibliothèques de la communauté de communes de Mur-ès-Allier (Puy-de-Dôme) : Sophie Simonini, sa coordinatrice, a présenté le scénario d'une mise en réseau davantage portée par les élus, et calquée sur le réseau de l'intercommunalité.

Quelques inquiétudes se sont exprimées dans la salle : quelle place pour les bénévoles dans ces nouvelles manières de travailler ? Quelle taille pour ces futurs réseaux ? Les différents intervenants, ainsi que le directeur de la BDP Blaise Mijoule, se sont montrés rassurants. Ces réseaux devront rester à taille humaine ("pas plus de 10-12 bibliothèques", préconise Catherine Canazzi) et leurs acteurs, salariés, élus ou bénévoles, devront "réfléchir aux modes de gouvernance et de représentation, garants de l'expression de chacun", explique la directrice vauclusienne. "Faire réseau, dit-elle, c'est parler d'une voix, mais d'une voix plus audible, mieux légitimée, et qui donne aux bibliothèques toute leur place".

 

La journée fut plutôt jolie, Lily...

lily 1Grâce à eux, l'ambiance studieuse est devenue plus légère : les comédiens de la Lily (Ligue d'improvisation lyonnaise) ont ponctué la journée de sketches décalés et impertinents. Ils ont multiplié les clins d'œil au public, et résumé à leur manière le contenu des différentes interventions. Ils ont eu le mérite d'être clairs, et plutôt pertinents ! Leur regard sur les petits travers de notre métier (l'âge "avancé" de certains bénévoles, l'ultra-polyvalence de la bibliothécaire-postière-cantinière, les normes et critères tirés par les cheveux) s'est voulu acéré, moqueur... mais jamais méchant.

 

Retrouvez le diaporama de la journée :