Comment, dans une société où tout est fait pour favoriser l'individualité, recréer des relations entre personnes ? Comment inventer de nouvelles formes de collectivité, d'appartenance ?
Voici un dialogue entre père et fils (Michel et Jean-François Serres) sur le thème de l'isolement social, vécu par un nombre de plus en plus important de personnes en France, en particulier chez les personnes âgées. L'un a un point de vue de théoricien sur la question, l'autre se trouve confronté au quotidien à ce problème : Jean-François, responsable de l'association Les Petits frères des Pauvres et référent national de l'association Monalisa (Mobilisation contre l'isolement des âgés).
Importants, les uns pour les autres
L'idée de Jean-François est simple : encourager de micro-initiatives citoyennes en direction des personnes seules et plus particulièrement des personnes âgées. Mais cela n'est pas aussi facile que l'on pourrait le croire : certaines personnes, privées depuis un moment de tout lien social, "sont bien dans le manque, mais dans un manque sans désir". Il faut redonner à ces personnes la conscience de leur valeur et de l'importance qu'elles peuvent avoir pour l'autre.
L'intervention sociale classique (qui tend à favoriser l'indépendance de l'individu) ne suffit pas pour réduire la détresse sociale dans laquelle se trouvent les personnes isolées. Il faut favoriser l'initiative personnelle des gens pour qu'ils tissent des relations proches et durables avec des personnes âgées vivant près de chez eux, et créent avec elles des moments d'échanges, de convivialité, d'entraide.
Une réflexion à deux voix sur la solitude subie, et un beau pari : celui de recréer des liens de proximité avec des personnes qui, après avoir perdu peu à peu l'ensemble de leurs relations (professionnelles, familiales), sont devenues réellement dépendantes des relations de voisinage que nous pouvons leur offrir.
Juliette, Bibliothèque départementale
Solitude : dialogue sur l'engagement / Jean-François et Michel Serres - Éditions Le Pommier, 2015