« Au XVIe siècle, les premiers cabinets de curiosités débordant de merveilles sont un moyen de réunir le monde en une seule pièce. Cet attrait pour l'étrange et le merveilleux perdure à travers les siècles. Surtout, la volonté de « collectionner le monde » semble être une caractéristique essentielle de la nature humaine. » (Source éditeur)

 Une plongée fascinante dans quatre siècles de découvertes et de mises en scène du monde, c’est ce que nous offre cet album documentaire d’une richesse foisonnante et extraordinaire.

Quatre cabinets y sont exposés, chacun emblématique d’une époque, sur quatre doubles pages encore agrandies par deux rabats ; le grand format ainsi déployé invite l’œil à explorer tout azimut les illustrations de Delphine Jacquot, fourmillantes de détails où le fantastique, le surprenant et parfois même l’inquiétant se déploient.

D’abord en un joyeux bazar, puis peu à peu plus ordonnées tandis que la science et la volonté de mettre à portée de tous les connaissances se font jours. Car c’est du cabinet de curiosité, d’abord privé et apanage des puissants dont il illustrait la richesse, que sont nés nos musées, tant scientifiques qu’artistiques. Musées qui n’ont rien perdu au passage de cet esprit de merveilleux et de collection. Chaque double planche est suivie d’une exploration plus en détail par un focus sur certains objets ou certaines œuvres. Alexandre Galland nous y invite à découvrir l’époque et les connaissances d’alors, dans de courts textes d’une grande clarté qui n’excluent pas l’érudition. Enfin, cerise sur le gâteau pour les plus curieux, chaque cabinet est repris en fin d’ouvrage pour un exhaustif inventaire car tout y est vrai ou presque : chaque œuvre, chaque objet a bel et bien existé ou existe encore, a été exhibé, présenté.

Mais cet album documentaire est aussi une mise en abîme vertigineuse sur l’histoire et le devenir de l’humanité. L’homme désormais conscient de la fragilité et de la finitude du monde change d’approche : on expose et conserve non plus pour donner à voir ce monde mais pour le préserver. Les inventaires se font alerte et outils de sauvegarde. Quand ils ne sont pas tout simplement une sorte de bouteille à la mer lancée vers d’extra-terrestres ailleurs et d’hypothétiques futurs pour témoigner de ce qui n’est plus. Reste que nous reviendrons encore longtemps visiter ces cabinets de curiosités et y puiser le souffle des grandes et belles découvertes.

Sandra, Bibliothèque Départementale

Monstres et merveilles / Alexandre Galland et Delphine Jacquot - Seuil jeunesse 2018