Voici le billet d'une lecture que j'ai faite à la fin des années 2000. J'avais publié ma critique sur mon blog et sur Babelio. Je viens d'acheter ce livre absent de notre fonds et j'en profite pour vous inciter à lire cette oeuvre de la romancière et poétesse syrienne Salwa Al Neimi. Depuis ma première lecture, une révolution et une guerre interminable ont ravagé la Syrie. On sait que dans ces situations la condition des femmes est toujours malmenée. D'où l'importance de continuer à lire ce récit qui évoque la liberté et la vie en magnifiant ce que l'on peut faire et dire avec nos corps. Le propos est résolument féministe, dans une société particulièrement intolérante, Salwa al Neimi a dû faire preuve d'un courage et d'une détermination incroyable.
Ce récit agit comme un miroir et est un projet à adopter !
Ne dit-elle pas :"La société arabe d’aujourd’hui a intériorisé toutes les notions occidentales de péché, de la saleté du corps". D'où viennent ces postures intolérantes qui sont au coeur de notre société prétenduement libre et ouverte !
Salwa Al Neimi est une poétesse syrienne. Elle vit à Paris depuis le début des années 1970 et a travaillé dans de grandes bibliothèques. Son livre La preuve par le miel a été écrit en arabe. Il s’agit d’un récit mi roman, mi essai, sur la question du sexe dans les sociétés arabes et musulmanes. En partant de ses propres expériences, de sa façon d’envisager la vie par le corps et non par l’âme, Salwa Al Neimi dresse le portrait d'une société arabe ambivalente et en donne une image juste et érudite. Elle propose au lecteur en écho aux diktat imposé par la religion (censure des mots, censure de l’adultère, censure de tout ce qui touche au corps sexué…) un voyage dans la littérature arabe érotique en faisant appel à de grands auteurs : de Tifachi à Ali Ibn Nasr, de al-Samawal Ibn Yahya, à Nasir al-Din al-Toussi… y compris féminin comme El-Alfya dite la Milliaire car elle aurait baisé avec mille hommes…
Un récit magnifique, érudit et sensuel.
extraits...
« Très tôt, j’ai su quel chemin serait le mien, à quel jeu je jouerais. Ce jeu m’amuse, il compose une part de ma vie secrète. Personne ne peut se dire l’organisateur de mes libertés. Ma vie est mienne, et mes secrets aussi. »
… « Je ne cache pas mes idées, surtout celles qui choquent. Je ne tais que mes actes. »
« Je me suis entraînée à cacher aux amants l’amour de l’époux, je l’ai appris de Marguerite Duras. Cacher à l’époux l’amour des amants, je l’ai appris de toutes les femmes. »
Jean-François Baudin, bibliothèque départementale - mai 2025