Accueillir des classes en bibliothèque

Infos légales et pratiques

La loi Robert de 2021, dans son article premier, énonce : « Par leur action de médiation, [les bibliothèques] garantissent la participation et la diversification des publics et l’exercice de leurs droits culturels » et « coopèrent avec les organismes culturels, éducatifs et sociaux et les établissements pénitentiaires. » Ainsi, aucune obligation de nouer un partenariat avec les écoles et de faire de l’accueil de classe, mais c’est encouragé, et la loi permet de légitimer ces partenariats s’ils sont remis en cause par votre commune ou d’autres acteurs.

L’absence de mention de la notion de pédagogie ou de programme scolaire dans cet article implique également que les activités proposées par les bibliothèques dans ce cadre n’ont pas d’obligation en ce sens : libre à vous donc d’intégrer une notion du programme scolaire dans vos animations et de vous inscrire dans un projet pédagogique, ou non.

Finalement, l’accueil de classe n’est légalement contraint que par :

la capacité d’accueil du lieu (nombre de personnes / m²) ;
le nombre d’encadrants, qui est de la responsabilité de l’enseignant mais, pour information :
- les élèves de maternelle doivent être encadrés par deux adultes au moins pour les groupes de moins de 17 enfants, +1 supplémentaire par tranche de 8 élèves,
- en élémentaire, un enseignant peut encadrer seul sa classe si la sortie s’effectue à pied ou en car spécialement réservé pour le déplacement, près de l’école, pour moins d’une demi-journée (ce qui correspond à la plupart des accueils de classe en bibliothèque). En dehors de ce cadre, la règle est de 2 adultes au moins pour les groupes de moins de 31 élèves, +1 par tranche de 15 enfants ;
et, bien sûr, la rédaction et la signature d’une convention entre l’école et la commune.

Préparation en amont

Objectifs

L’accueil de classes en bibliothèque remplit des objectifs à la fois pour la bibliothèque et pour l’école.

Pour la bibliothèque, il permet :

de donner le gout de la lecture-plaisir aux enfants ;
de valoriser le lieu et leur donner envie de revenir avec leurs parents ;
de s’ancrer dans son territoire et de tisser du lien avec les autres acteurs qui l’entourent.

Pour les enseignants, la bibliothèque devient :

un pôle de ressources documentaires, avec des collections plus importantes et plus régulièrement renouvelées (et accessibles aux élèves en dehors des heures de classe) ;
un complément des projets initiés en classe ;
un lieu de découverte et d’apprentissage, voire d’application ou de remise en contexte de concepts abordés à l’école.

Définir ses possibilités et contraintes

Avant tout, il est essentiel que vous ayez une vision précise de ce que vous pouvez faire, entre vos contraintes horaires et vos envies. Prenez le temps de réfléchir, en équipe le cas échéant :

au temps que vous pouvez accorder à l’accueil de classes : quelle durée, quelle fréquence ? Pouvez-vous ouvrir la bibliothèque aux classes en dehors des horaires d’ouverture au public ? Serez-vous en mesure d’accorder une heure tous les quinze jours, ou par mois ? ;
à votre disponibilité sur le moment : aurez-vous la possibilité d’animer quelque chose avec les élèves sur ce temps, ou simplement d’assurer une présence pendant qu’ils lisent et déambulent ou font quelque chose avec leur enseignant ? ;
au personnel qui gérera ces accueils : qui a envie et est disponible pour accueillir les élèves ? Ce peut-être un ou une bénévole.

Ensuite, réfléchissez aux contraintes liées au fonctionnement de votre bibliothèque et à ce que vous pouvez proposer concrètement en termes de :

capacité d’accueil : combien d’élèves pouvez-vous accueillir en même temps ? ;
lieu d’accueil : où les accueillir ? Le mobilier de la bibliothèque permet-il l’accueil de classes actuellement (tapis, coussins, petites chaises, tables pour les ateliers éventuels, salle d’animation…) ?

Réfléchir au déroulement de l’accueil

Il y a autant de manière d’accueillir des classes qu’il y a de bibliothèques et de bibliothécaires. L’accueil peut être unique (une visite par classe et par an, pour présenter la bibliothèque ou à l’occasion d’un projet pédagogique de l’enseignant, par ex.), sous forme de cycles simples (la même activité régulièrement) ou plus construits (dans le cadre d’un vrai projet au long cours, qui nécessite investissement des élèves, de l’enseignant et de la bibliothèque).

Quelques exemples de temps « simples » :

une demi-heure tous les quinze jours, les élèves viennent à la bibliothèque lire, explorer en autonomie, jouer (si jeux), et repartent avec des livres ;
chaque année, les classes de l’école viennent une fois à la bibliothèque visiter, lire et se familiariser avec le lieu, dans l’objectif qu’ils reviennent ensuite avec leurs parents (possibilité de leur remettre un livret d’information à transmettre) ;
tous les mois, une heure du conte à la bibliothèque/un kamishibaï/un raconte tapis…

Quelques exemples de cycles plus construits :

dans le cadre d’un projet pédagogique (monté en partenariat avec l’enseignant(e) ou seulement géré par la bibliothèque), les élèves travaillent chaque semaine sur le même thème, qu’ils abordent différemment chaque fois, ou avancent sur un projet « de fin d’année » (maquette, expositions, spectacle…)
préparer la venue d’un auteur ou illustrateur : au fil des mois, les élèves préparent et organisent l’événement : choix de l’artiste, lecture de son œuvre, réflexion autour de questions à lui poser, préparation d’un atelier…
chaque mois, un ou une élève présente un livre qui lui a plu à ses camarades ; s’ensuit une lecture commune. À la fin de l’année, les élèves votent pour leur livre préféré.

Les emprunts

Emprunts des élèves

Pour les emprunts des élèves, l’idéal est de créer une inscription pour la classe au nom de l’enseignant, qui sera renouvelée chaque année. Ainsi, pas de double inscription (école et maison) par élève, et la responsabilité des livres empruntés dans ce cadre repose sur l’enseignant.

Idéalement, si votre bibliothèque est informatisée, imprimez la liste des emprunts après chaque accueil et conseillez à l’enseignant de noter le nom de l’enfant qui a emprunté chaque titre.

N’hésitez pas à insister auprès des enseignants sur l’importance pour les enfants de pouvoir ramener le livre chez eux, pour qu’ils puissent s’approprier l’histoire, encourager l’histoire du soir, et donner envie de revenir. Rassurez-les sur la non-sacralité de l’objet livre et rappelez les règles de votre bibliothèque en termes de remplacement et de réparation…

Emprunts thématiques pour les enseignants

Durant l’année scolaire, vous pouvez laisser la possibilité aux enseignants de vous solliciter pour constituer une sélection de livres en lien avec leur programme. Comment allez-vous gérer ces demandes ? Souhaitez-vous mettre en place une procédure particulière ?

Les livres empruntés par les enseignants seront attribué à la carte de la classe ? De l’enseignant ?
Cadre de la demande : la demande doit être effectuée au plus tôt (délai minimum), avec le thème + l’âge cible + le type de docs souhaité (docu, romans, albums) + le nombre de documents souhaités, par email ou en se déplaçant à la bibliothèque, par ex.
Informations à transmettre à l’enseignant : consulter le portail bibliotheques.hautes-alpes.fr pour le catalogue de la bibliothèque + celui de la BD05 et lister les livres susceptibles de les intéresser.

Grâce à cette réflexion préalable, vous serez en mesure, lorsque vous rencontrerez l’enseignant, de lui proposer des choses concrètes, et vous connaîtrez le cadre dans lequel naviguer pour vous ajuster à ses propres envies et possibilités.

Rencontrer l’enseignant et rédiger la convention

Une fois ces bases claires pour votre équipe, demandez à rencontrer l’enseignant. Idéalement, durant le mois de septembre, pour commencer les accueils fin septembre/début octobre, mais ce sera selon ses disponibilités.

Ensemble, réfléchissez à la structure de votre collaboration, aux projets envisageables, etc., que la convention encadrera. L’idée est de répondre à leurs attentes tout en préservant vos objectifs et en s’adaptant à vos contraintes. L’échange permet d’impliquer l’enseignant dans le projet, plutôt que de le placer en simple consommateur d’un service.

La bibliothèque offre un service à l’école. Elle n’est pas au service de l’école.